« En ce temps-là, le Non-Etre n’existait pas, ni l’Etre ; ce monde-ci n’existait pas, ni l’autre qui est au-delà. Qu’est-ce qui enveloppait ? Quoi ? Où ? Sous la garde de Qui ? Y avait-il de l’eau, abyssale, insondable ?
Il n’y avait alors ni la Mort, ni la Vie ; ni partage entre le Jour et la Nuit. L’Un respirait le Non-Vent, par son seul pouvoir, car il n’y avait rien d’autre que Cela, en ce temps-là.
La Ténèbre, au commencement, était couverte par la Ténèbre ; il n’y avait que l’Eau, indistincte. Et l’Un, par le seul pouvoir de son ardeur, y prit naissance, (Principe-)en devenir que le vide recouvrait.
Au commencement, Cela qui était la semence première de la pensée, se mua en Désir : les sages, cherchant en leur cœur, découvrirent intuitivement que le lien de l’Etre (se situait) dans le Non-Etre.
Ils tendirent leur cordeau en diagonale : y avait-il un en-haut ? y avait-il un en bas ? Là étaient les porteurs-de-semence, là les Puissances, la Liberté était en -bas, le Don en-haut.
Qui donc le sait ? Qui pourrait l’affirmer ici, d’où elle est née ? (oui) d’où, cette création ? Les Dieux sont en-deçà de cette création : qui dont sait à partir de quoi elle est développée ?
A partir de quoi cette création s’est développée ; et si elle a été fondée, ou non ; Celui qui la regarde du plus haut du ciel le sait sans doute ? Où peut-être ne le sait pas ? »
Rig Veda X, 129, traduction Jean Varenne tirée de Cosmologies védiques, Paris : Les Belles Lettres, Archè-Milano (1982).