A l’origine en vérité, ce [monde] était brahman, il se connaissait lui-même (atman) en ces termes : « je suis brahman », et de là il devint le Tout. Et quel que soit celui des dieux qui en avait la conscience, il devenait Cela [le Tout] ; il en fut de même pour les sages-voyants, de même avec les hommes. Alors qu’il voyait ce [Soi] comme le [Tout], le sage-Voyant Vamadeva a déclaré : « J’étais Manu et le Soleil ». C’est encore cela aujourd’hui, celui qui sait ainsi « Je suis brahman » devint ce Tout. Même les dieux n’ont aucun pouvoir d’inexistence sur lui, car il devient leur Soi (atman). Mais si quelqu’un vénère une autre divinité pensant : « Il est un, je suis l’autre. », celui-là ne sait pas. Tel du bétail, il est pour les dieux. Comme nombre d’animaux sont au service de l’homme, ainsi chaque homme est au service des dieux. Qu’un animal soit emmené, ce n’est pas agréable ; combien plus s’il y en a beaucoup.
C’est pourquoi, cela déplaît aux [dieux] que les hommes puissent le savoir.
Brhadaranyaka Upanishad, I, 4, 10 (traduction Ayette Degrâce, Fayard, 2014)